21/08/2020   –   Urkulu – Cabane de Lindus

Jour 41: “Après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre c’est qu’il y en a encore beaucoup d’autres à gravir. » – Nelson Mandela.
Point culminant : Urkulu (1423m)
Distance : 27,1m
Temps : ~9h

Réveil classique avec son repaquetage et sa mise en jambe, les mollets griffés par les ajoncs.

Je passe faire le plein d’eau au refuge d’Azpeguy et reprend mon chemin direction les Aldudes, via le GR12.

Au menu, son lot quotidien de fougères, de petits cols, de montées abruptes et poussiéreuses, de descentes qui le sont tout autant.

De temps à autres, je croise un dolmen ou un cromlech, nombreux dans cette zone, et sûrement toujours pas tous répertoriés.

Ces vestiges du Néolithique, dolmen, cromlech, tumulus et menhir, se trouvent en grand nombre dans la montagne basque. Les datations, réalisées au carbone 14, situent ces monuments entre 5000 et 1000 ans avant JC. Ils sont généralement érigés près des cols, à proximité des crêtes herbeuses mais on en trouve aussi un petit nombre dans les plaines et, parfois même, groupés à flanc de montagne.

Ils sont les témoignages d’une vie pastorale très ancienne et devaient être utilisés pour des rites d’incinération qui étaient pratiqués à cette époque à la fin de l’Age du Bronze et à l’Age du Fer. Les pierres levées pouvaient aussi servir de bornes pastorales et de repères de passage.

Parfois, c’est des bornes frontière, gros caillou frappé d’une croix et d’un numéro. La 205 est inratable.

Le chemin partage, le temps de quelques kilomètres, une piste avec le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, pour aboutir sur un belvédère.

D’ici nous pouvons voir l’immense abbaye de Ronceveaux, en contrebas, comme un gros édifice d’un jeu vidéo, posé la au milieu de collines arborées.

Apres un passage par le refuge d’Izandorre et par l’Iglesia de San Salvador de Ibañeta, en compagnie d’un Toulousain, Stéphane, finissant aussi sa HRP, il va falloir prendre une décision.

Le vent forcit, la pluie menace et les Aldudes sont loins.

La carte IGN nous propose plusieurs cabanes et c’est finalement la cabane de Lindus qui sera choisie pour nous servir de refuge, où nous arriverons trempe, et frigorifiés.

L’orage ce soir là cogne extrêmement fort, mais le sommeil l’emporte. Sur ça et sur le confort d’un matelas accordéon posé sur une table.

 


 

22/08/2020    –    Cabane de Lindus – Elizondo 

Jour 42: “Lorsque l’huile s’épuise, la lampe s’éteint, mais la flamme s’affaiblit graduellement. » – Zhang Xianliang.
Point culminant : Col de Lindus (1166m)
Distance : 31,1m
Temps : ~9h

Réveil avec la cabane dans la même purée de poids que la veille au soir. Un maigre petit déjeuner, une joie absolue de rechausser des pompes trempées et de nouveau, on se retrouve à sillonner les collines.

Le passage aux Aldudes nous offre un bon ravito et un bon restaurant.

Autour de nous, peu voire pas de sommets ne dépassent les 1000 m d’altitude.

La progression se fait encore dans les fougères et les forêts, peu de chances d’avoir un point de vue global sur le reste de la chaîne.

La fin de l’étape pour moi, se situera à Elizondo.

Je marche encore sur le GR12 et quelques marcheurs espagnols démarrent leur GR11, avec un enthousiasme débordant, et une bouteille de sangria.

Après une très longue journée, dont le choix de certains sentiers s’est avéré plutôt rallongeurs, j’ai la chance de pouvoir profiter d’une piscine et d’une douche.

Mon ami Edelmira m’accueille chaleureusement et une fois ayant repris un peu plus forme humaine, nous nous dirigeons dans le vieux centre-ville pour une soirée tapas.

La dernière fois que j’étais venu ici, c’était pour le 11 septembre 2001.

Ça fait plus de 20 ans, ça fait bizarre, ce genre de repère temporel. Alors qu’on a pas forcément idée de ce qu’on faisait le 17 mars 2004 ou le 9 février 1923, tout le monde sait ce qu’il faisait ce 11 septembre.

Pendant ma douche, un petit bilan s’installe dans mon esprit. Je sens bien, ces derniers jours, que le visuel étant moins excitant, le cerveau reprend le dessus.

En parlant de visuel, je croise un miroir et constate fortement ma perte de poids, pas forcément au niveau de la barbe ni des cheveux.

La soirée est festive, pleine de bonne humeur, et la musique des bars donne une ambiance de fête d’été. En même temps c’est l’été. Et c’est la fête.

J’aurais à peine le temps de me laver les dents et de dire bonne nuit à Edel que je dors déjà. Merci de l’accueil !

 


 

23/08/2020   –   Elizondo => La Rhune

Jour 43: “Chaque oiseau chante les louanges de l’endroit où il passe la saison chaude. » – Proverbe Peul.
Point culminant : la Rhune (905m)
Distance : 33,1m
Temps : ~9h

Petit déjeuner gargantuesque, les bières de la veille cognent encore un peu.

Je fais le plein d’eau et il est temps de décoller pour mon avant-dernière étape, direction : la Rhune.

Malgré le fait d’être un local de ces dernières étapes, et de l’avoir gravie ( j’aimerais vraiment savoir le nombre précis de fois en vrai ) souvent, je redécouvre la vue de la Rhune depuis le Sud et l’Espagne. J’ai peu l’occasion de voir ce qui pour un Hendayais peut être ses fesses.

Le chemin ressemble fort à celui des journées précédentes, nous arrivons en compagnie de Stéphane au col de Lizuniaga où nous passons un long moment avec les bénévoles qui s’occupe du comptage d’oiseaux. Ce col fait partie des 6 cols d’observation des Pyrénées.

Le bénévole en chef est en plein débat avec un vieux chasseur, qui lui « EXPLIQUE », sur un ton autoritaire, à quel point la chasse est nécessaire pour la perduration des espèces, que de toute façon les chasseurs ont raison de faire ce qu’ils font, qu’on les emmerdait moins à l’époque et que s’entraîner sur des chats c’est pas si grave …

On sent bien le gars bien ouvert au débat en plus … Leurs idéologies sont tout aussi opposées que leur coupe de cheveux, plutôt militaire pour l’un et plutôt festivalier Ariégois pour l’autre.

Les bénévoles sont armés de chaises pliantes et jumelles ou longue-vues, et dès qu’ils observent un oiseau de passage, ils mettent à jour l’ardoise de comptage.

Des aigles, des faucons, des milans, des busards, des cigognes, et tant d’autres espèces.

Et ce comptage sert, d’année en année, à quantifier la fréquentation, la migration, et l’évolution de la population des espèces. Extrêmement intéressant.

Globalement, les espèces sont un peu en déclin et les cycles migratoires se raccourcissent. Des infos détaillées sont trouvables sur les Internets.

Deux dernières heures de marche me permettent de finir en haut de la Rhune, en haut de laquelle je suis monté, pour une fois, par un chemin jamais emprunté.

Avant la dernière montée, nous avons partagé une bière avec Stéphane et deux cinquantenaires qui s’étaient rencontrés lors de la traversée des Alpes, le GR5.

Nous racontant les Alpes, ils nous donnent fortement envie, car c’est bien plus haut et montagneux.

Ils arrivent à comparer les deux traversées, et je sens que les collines du Pays basque n’ont plus le charme montagnard qu’ils recherchent. J’essaie de les convaincre d’un autre charme, la gastronomie, la culture, les pottoks etc…

A leur décharge, et je sens que mon récit n’illustre pas le Pays basque comme il se doit, les passages empruntés par la fin de cette route ne passent pas, selon moi, par les plus beaux endroits basques.

Leur faire voir les crêtes d’Iparla, le Mondarrain et les Peñas d’Itxusi changerait sûrement un peu leur avis, malgré les kilomètres de persuasion qu’ils ont parcourus.

Je passe ma truffe au dessus de la crête de la Rhune et me voila face à l’Océan. C’est comme d’hab, trop beau.

Le biouvac m’offre un coucher de soleil tout doux, le ciel est rempli de fins nuages et tous les dégradés de bleu, rose et orange se succèdent. Un des plus beaux, vu d’ici en haut.

Le vent de la mer rafraîchit l’atmosphère et le chien de l’hôtel restaurant monte la garde avec professionnalisme et une ténacité plutôt longue.

 


 

24/08/202   –   La Rhune => Hendaye plage

Jour 44: “Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin. Mais, c’est peut-être la fin du commencement. » – Winston Churchill.
Point culminant : la Rhune (905m)
Distance : 23,1m
Temps : ~7h

Et voilà ! Dernier réveil ! Dernier repaquetage ! D’attaque pour les dernières 15-20 bornes.

Le soleil pointe le bout de sa casquette au-dessus de la vallée d’Aspe et le sommet de la Rhune prend vie, le chien étant toujours beaucoup trop au taquet. A croire que dans son contrat, sa bouffe est proportionnelle à son nombre d’aboiements.

Le premier petit train arrive en gare, je me retrouve à prendre le petit déjeuner au milieu des premiers touristes.

La journée est sublime, la brise maritime légère et beaucoup de monde vient en profiter.

L’envie de se baigner est très forte.

Descente par le col d’Ibardin, la aussi en mode Duty Free, et direction la partie finale de Biriatou et Hendaye.

Les vues sur la côte depuis le Xoldo et la Rhune sont vraiment sublimes.

Rejoint par Stéphane, les deux transalpistes, et mon père, je me retrouve à traverser Hendaye d’une manière inédite, par la fin du GR10.

Au final, 24 Aout, 15h51, 44 étapes de marche, me voila en train de fouler la plage d’Hendaye.

À ce moment précis, aucune émotion, un ressenti comme bloqué. L’arrivée en milieu d’après-midi, n’a peut-être pas le côté paisible espéré.

Nous partageons une dernière bière, il est temps de partir pour la baignade, et laisser gentiment infuser l’intégralité de cette expérience, son arrêt et le retour à la vie quotidienne, plus terre à terre, de cette période.

 

 


 

L’épilogue ici : https://damienferbos.fr/hrp-9-conclusion/

Leave a Reply