11/08/2020 – Gavarnie => face Nord du Vignemale
Jour 31: “La nature est autre chose qu’un laboratoire : c’est un spectacle et une école. D’ailleurs, les choses que l’on comprend le moins sont souvent celles qui plaisent le plus. Qu’est-ce que la mélodie, l’harmonie et l’amour ? Qu’est-ce que le Beau ? Et même dans l’ordre purement physique, que sait-on et saura-t-on jamais exactement ce que c’est qu’un fluide ? Qu’est-ce que l’affinité chimique, l’ozone et le sommeil ? Le saura-t-on dans dix mille ans ? Il est probable que non, et nous n’y perdrons rien. ” – Henry Russell-Killough, Comte des Pyrénées.
Point culminant : Hourquette d’Ossoue 2734m
Distance : 20,2km
Temps : ~6h30
Allez, il est temps de remettre le sac à dos et ce qui ressemble encore à des pompes, l’heure de repartir pour la seconde partie de cette traversée dont il reste encore quelques étapes. D’abord la zone de Gavarnie, le Vignemale, la vallée d’Ossau, la vallée d’Aspe et finalement le Pays Basque.
Départ des granges de Holle, le temps est gris et menaçant.
Meteoblue annonce un bon gros zef et un orage dodu dans la journée.
Les marmottes rentrent s’abriter et la pluie devient suffisamment épaisse pour devoir passer en mode pluie, capote sur le sac et imperméable. Une première.
J’ai quand même eu énormément de chance sur la météo, et à vrai dire, cette pluie et cette fraîcheur font du bien.
Après la traversée du plateau où se trouve le lac d’Ossoue, je longe la cascade s’y jetant, puis je bifurque vers le refuge de Baysselance.

Je fais ma pause devant le magnifique panorama qu’offre la chaîne rocheuse du Marboré. La ligne, du Mont Perdu jusqu’au Taillon, avec la Brèche de Roland est sublime et emblématique.
Après l’heure du café, les chemins se séparent pour les randonneurs du refuge, certains attaquent le petit Vignemale, d’autres descendent à Ossoue, d’autres s’échouent sur les bancs.
Je me dirige vers le refuge des Oulettes de Gaube, pour mon prochain bivouac.
Le plateau des Oulettes, son ruisseau et ses méandres, ses énormes blocs de pierre, font un premier plan parfait pour l‘imposante face nord du Vignemale et son maigre glacier. J’adore ce coin.

Je savoure la vue et une bière, quand la gardienne vient nous annoncer la météo de la soirée et les conseils qui vont avec.
Un orage arrive et des vents en rafale à 100km/h sont prévus. Selon elle, la meilleure stratégie pour un bivouac, c’est de redescendre au lac de Gaube, une heure plus bas. Le refuge est déjà plein et il est suffisamment tôt pour descendre se protéger.
Sur le Vignemale, l’hélico du PGHM récupère des gens en détresse.
Les groupes s’agitent et mettent en place leur stratégie. Un couple à une table est à deux doigts de s’engueuler car la fille ne veut pas croire que le blanc sur la montagne, c’est de la neige ou de la glace. Il me prend à témoin mais je ne la convainc pas ( véridique ).
Un groupe de jeunes à côté opte pour l’option d’attendre, comme ça il sera trop tard pour qu’on leur demande de partir et ils pourront rester au refuge.
J’essaie de leur expliquer le rôle premier des refuges et la responsabilité des gardiens, mais ils sont bien trop convaincus d’être des génies pour ne serait-ce qu’entamer le dialogue ou remettre en question leur stratégie.
J’opte pour aller en fond de plateau, me coller à la face Nord, derrière quelques gros blocs, un peu abrité du vent et des chutes de pierres. Je renforce les abords de la tente, en montant un petit mur de pierres, je secoue un peu tout, ça a l’air de tenir. Je sais pas comment on secoue une tente pour imiter 100km/h de vent. Sûrement vachement.
Je profite des dernières lueurs et du calme sur la pointe du Pique Longue pour faire un peu de photo.
Je m’endors au son d’un très jeune agneau et de sa maman qui viennent dîner à côté de ma tente, et au son des craquements du glacier de la face Nord. Pour l’instant, tout est calme.
Le vent se lève, mais la toile de tente ne faseille pas trop.
3h26 – un bruit déchire mon rêve. Petit à petit, le vent se renforce et le tonnerre se rapproche.
Une grosse goutte, pis deux, puis plein, puis un torrent s’abat sur ma tente. Ça continue en grêle, puis de nouveau en pluie forte, puis re-grêle. Je n’ai jamais testé ma tente sous ce genre d’orage et pour une première, c’est un sacré baptême. Elle bronche ZERO. Je vois quelques grêlons passer sous l’entrée de la tente, beau gabarit. Ça doit être du 6 ou du 8, facile.
Je sécurise quand même tout le matos électronique dans des sacs zippés et me prépare à un abandon de tente, en cas vraiment de naufrage.
Je me projette, j’ai bien 20mn de marche pour le refuge, dans le noir et sous la grêle. LEU BOO NHEUR !
Une demi-heure plus tard, tout s’arrête.
Tout a tenu, je me rendors dans une nuit plus fraîche, avec la sensation que mon duvet et mon matelas sont bien plus confortables qu’au premier coucher.

12/08/2020 – Vignemale – lac de la Fache
Jour 32: “La grenouille en sait plus sur la pluie que l’almanach.” – Proverbe Créole.
Point culminant : Col des mulets (2591m)
Distance : 15,6m
Temps : ~7h30
Au réveil, quelques flaques et quelques vestiges glacés de l’orage de la nuit entourent ma tente. Mais absolument rien n’a bougé.
D’autres ont eu moins de chance, je vois des visages fatigués, de la grosse cernasse et des essorages de duvets.
Je range mes affaires et prévois un repas au refuge Wallon qui m’attend au-dessus de Cauterets, une fois que j’aurais gravi le col des Mulets.
La montée du col à jeun picote un peu. La descente au milieu des pins et des cascades est extrêmement agréable. Ça sent bon et c’est très doux au regard.
Le temps est plutôt nuageux, et le fond de l’air plutôt frais. Au loin, des bruits de travaux se font entendre et soudain, j’aperçois le refuge.
J’avais complètement zappé qu’il est en travaux depuis un an.
J’y passe tout de même, pensant qu’un petit abri reste ouvert, mais non.
La seule partie ouverte et accessible est uniquement réservée au chantier. La pluie commence à tomber généreusement, et je sais qu’une chapelle se trouve à proximité. Sauf qu’elle est bien fermée !
De nouveau, rien pour s’abriter, pas même un avant-toit. Je m’attendais à autre chose de l’hospitalité d’une chapelle, je pensais même pas que ça fermait.
Je laisse passer la première averse en m’abritant sous les arbres.
Un misérable déjeuner. Dès la première éclaircie, avec la règle des 10mn, je repars en direction du col de la Fache.

Au milieu de cette montée, un énorme grain se présente et je n’ai rien pour m’abriter. J’essaie de me convaincre que ça va passer. 5mn après, je sors la tente en catastrophe, la monte le plus vite possible, au moins la partie étanche. J’ai beau me speeder, je finis par me retrouver cinq minutes après, tout trempé à l’intérieur, au moment même où la pluie cesse.
Je ressors donc, et la remballe pour aller la reposer quelques centaines de mètres plus haut, au bord du lac de la Fache.
Le ciel est chargé en nuages, le coucher de soleil est spectaculaire.
Les montagnes et les falaises s’illuminent et s’assombrissent dans des tons de flammes.
Je dîne en excellente compagnie de Florian et Adélie, deux Grenoblois venus tester les sentiers pyrénéens. On prendra le temps de chercher au loin les isards camouflés dans les pierriers et d’observer les oiseaux de passage. On se reverra pour un débriefing à la plage d’Hendaye.
Comme à son habitude, baignade et montage de maison.
Et aucune pluie prévue cette nuit-là !

13/08/2020 – Lac de la Fache – lac d’Arrious
Jour 33: “Plus d’une fois, comme tout le monde, je me suis posé la question : « L’alpinisme, à quoi cela sert-il ? »
Sûrement, à rien qui s’achète.
Nous gravissons les montagnes « parce qu’elles sont là », et l’alpinisme est le triomphe de l’effort gratuit. Il n’y a pas de prime à qui gravit un sommet, même s’il fait une « première ».
Mais il n’y a pas que l’argent qui compte.
Nous ne sommes pas près d’oublier la beauté de certains couchers de soleil ; dans la nuit, la fraternité des étoiles ; au matin, l’aurore qui redonne la vie.
Nous ne sommes pas près d’oublier le plaisir de grimper, de neutraliser la pesanteur, l’impression de quitter sa carcasse pesante pour évoluer en plein ciel.
Nous ne sommes pas près d’oublier l’amitié de la cordée, la victoire sur soi-même, et, pour le guide, la joie de partager ce qu’il a de meilleur.” – Gaston Rebuffat.
Point culminant : Col de la Fache (2664m)
Distance : 17,6m
Temps : ~7h
De bon matin, on regarde toute la vallée du refuge Wallon s’illuminer.
Peu après, les marmottes se réveillent, se mettent à l’entrée des terriers en quête d’un peu de chaleur, et nous regardent ranger nos affaires, un air plutôt amusé. En même temps de face, ça a souvent un air amusé une marmotte, de côté un air suspicieux, et de derrière un air doux.

Le col de la Fache n’est plus très loin, la montée est rapide et depuis celui-ci, je devrais poser mes yeux sur le Pic du Midi d’Ossau, un autre symbole de cette traversée.
Je me rappelle de cette vue et du bivouac avec les potos palois.
Les nuages en ont décidé autrement et le vent rend la prise de photo assez compliquée.
Pas de bifurcation vers la grand Fache ce coup ci, comme il y a quelques années bien entouré. Mais une descente plein Ouest, direction le refuge de Respomuso.

Cette vallée est plutôt étroite, et retient encore des gros névés, dont certains alimentent et s’échouent dans des petits lacs.
J’enchaîne les lacs, jusqu’à arriver à un ancien barrage. Des énormes blocs de ciment, vestiges d’anciennes structures sont encore présents, mais la grande retenue d’eau se trouve plus bas, à côté du refuge.
Je savoure un café en attendant mes compagnons de la veille et en prêtant attention à un des coins du refuge. Deux murs se font face, l’un rempli de divers artefacts d’alpinisme, vieux skis, vieux crampons, coins de bois, vieilles besaces. En face, l’étagère à barre de céréales, chocolat et autres paquets de pâtes.
Ce refuge est le camp de base du Balaïtous, premier sommet à 3000m depuis l’Océan Atlantique. On en aperçoit la pointe, loin au-dessus, majestueux, imposant, quelque peu austère.

On redémarre, pour de nouveau repasser en France. Par le Sud du Palas et le col d’Arrémoulit. Cette section est grandiose et peu fréquentée. Se succèdent des petits aplats arborés, des petits canyons, des traversées de ruisseau et des petites cascades. Très doux et peu de dénivelé. L’arrivée sur le lac du Palas dévoile la montée finale vers le col. C’est très abrupt et ça calme son homme. A peine quelques minutes de marche suffisent à changer de perspective, tellement ça monte raide.
D’en haut, Flo et Adélie ne sont plus que deux petits points progressant sur une mer agitée de rochers statiques.
Cette montée restera une de mes préférées en termes d’efforts et de vue.
La descente du col, côté Arrémoulit, est plus praticable et j’aperçois le refuge, je n’ai qu’à contourner le lac. Depuis le temps, ce refuge aura été refait et j’espère qu’il gardera le charme Pyrénéen dont il était garant.
Je me pose d’abord près du lac et observe les pics des alentours, l’Ariel, le Palas, le Lurien, tous tellement imposants. Je distingue quelques cordées en couenne et en grande voie. Ce granit donne tellement envie !
En même temps qu’une bière bien méritée, la gardienne me prête le topo d’escalade du coin qui va donner plein d’idées pour un autre séjour. Je sens que sa saison est dure et que le covid rend les choses infernales. Elle passe sa saison à tout désinfecter, à subir et expliquer maintes fois les restrictions. Ses mains subissent très visiblement les stigmates du gel hydroalcoolique. Elle garde sa bonne humeur, son sourire et son hospitalité.
Merci.
Je pensais rester dormir dans la zone de bivouac, mais les manières de certains clients m’ont motivé à me trouver un endroit plus peinard.
De l’autre côté du lac, je vois Flo et Adélie arriver et poser leurs affaires, leur site de bivouac est choisi. Flo me rejoint, j’essaie de les motiver pour continuer un peu mais le sort en est jeté.

Je redémarre tant que la lumière du jour est encore bonne, car un passage technique s’annonce. J’arrive au Passage d’Orteig, fameusement connu pour son côté impressionnant. Raccourci entre le col d’Arrious et Arrémoulit, nous empruntons de nos jours la V2.0 : le passage a été élargi et équipé d’un câble servant de ligne de vie.
Jacques Orteig, illustre guide, lui-même disait de sa découverte : « à part un petit endroit pas très joli, ce n’est rien ». Le comte Roger Bouillé, pyrénéiste et aquarelliste plus connu sous le pseudo de Jam, le décrivait comme une « roche dépenaillée dégringolant dans le vide »
Il est temps de se faire un avis, et effectivement une fois dedans, sans être extrêmement dangereux, on regarde bien où et comment on met les pieds, sous peine d’une chute de plusieurs centaines de mètres.
Un marcheur est déjà engagé dans la montée et j’attends qu’il ait fini pour entamer ma descente.
De son côté, il attendra que j’aie fini de traverser pour s’en aller, tenant à vérifier que tout s’est bien passé. J’apprécie.
Peu après, j’arrive au lac d’Arrious et trouve une bosse sur laquelle poser ma tente.
Le Jean-Pierre se dévoile enfin de profil, tel un volcan au sommet duquel de fins nuages se forment et s’évaporent, comme une écharpe au vent.

Je reste assis plusieurs heures à contempler ce spectacle, la mer de nuage qui se forme, et les couleurs dorées du couchant qui entrent en scène.
Tombée de la nuit, au loin, j’aperçois les lumières du refuge de Pombie, qui sera mon lieu de déjeuner le lendemain. Je trouve ça mignon, comme une petite luciole sous l’Ossau. C’est mignon les lucioles.
La nuit est exceptionnelle, la mer de nuages monte et descend, comme pour me rappeler que l’océan se rapproche.
Merci.

14/08/2020 – Lac d’Arrious – Refuge d’Ayous
Jour 34: “Le regard, c’est ce que permettent les Pyrénées. Savoir où ont butté les anciens, connaître ses limites. La conquête avance par à-coups. On se souvient des exploits et aussi et surtout des échecs. Ainsi le désir ne fait qu’augmenter. La course est imminente.” – Les Frères Ravier.
Point culminant : Col de Peyreget (2313m)
Distance : 18,6m
Temps : ~6h30
Réveil tonique dans le lac d’Arrious, très frais, très très frais même. Mes tétons pourraient fendre du verre.
Descente en vallée d’Ossau, au milieu des chevaux et quelques ânes.
Je découvre le caillou de Socques en mode estival, des voitures partout. On dirait le zénith de Pau un soir de Taylor Swift. Ça en est limite compliqué de traverser la route.
Le sentier remonte pile en face, d’abord par de la forêt puis dans des pâtures.
Les brebis sont en place, les bergers déjà bien occupés. Vivement Noël pour goûter les fromages d’estive !
J’arrive à Pombie pour le déjeuner, avec un accueil exceptionnel de Léon.
On regarde ensemble les cordées sur le pic d’Ossau, des tout petits points sur un océan de roche. A chaque fois, je me fais la remarque en voyant des grimpeurs dessus, cette dent rocheuse est encore plus vaste qu’on ne la voit. Une merveille !

Merci Léon pour les vitamines myrtillées.
Je repars pour ma destination du soir, le fameux lac d’Ayous, au bord duquel j’ai déjà tant de fois dormi. Le temps vire à l’orage.
En haut du col de Peyreget, j’essaie désespérément de choper du réseau pour communiquer, mais ça reste vraiment difficile.
Cette perte de temps va peut-être me faire me mouiller, sûrement même, mais j’ai la chance de pouvoir observer une belette. Je suis sidéré par sa beauté, sa vitesse et sa grâce, mais surtout sa capacité à se figer alors qu’elle court pleine balle. J’aimerais bien être dans sa tête quelques minutes.
Le temps se gâte, il faudrait avancer. J’arrive trempé aux cabanes du milieu de la descente, la grêle frappe fort.
Je pense fort aux cordées sur l’Ossau. J’imagine même pas la sensation que doit procurer la douche de grêle en paroi, l’orage alors que t’es accroché à du métal, devoir utiliser du matos mouillé et attaquer la voie des Vires en descente, mouillée elle aussi. Ça doit être à minima désagréable.
Le ruisseau en bas du col est devenu un vrai torrent, bien marron. Le détour vers le pont m’amène vers la ferme du coin et rien de tel qu’un bon morceau de fromage direct depuis le producteur.
Le vendeur ne parle qu’anglais, il est saisonnier pour la première fois ici, il a pris un énorme coup de soleil, et selon le berger, c’est une « sacrée vedette ».
Plutôt que de suivre le sentier du tour des lacs, je monte plein fer vers le refuge d’Ayous.
Je suis convaincu, au fond de moi, que dormir là-bas n’est pas la meilleure des idées. La facilité d’accès de ce lac et son pré immense collé au lac font qu’il est bondé.
Encore, à cette époque, l’énorme berge du lac pouvait accueillir des campeurs.
Je découvre l’étendue des dégâts.
Des tipis de 2m50 de haut, des cordes à linge entre plusieurs tentes. Un pêcheur qui m’ordonne de ne pas me baigner là car c’est sa zone de pêche … Une kermesse sans nom.
Je monte discuter avec Laeticia, une des gardiennes. Un soir, elles ont arrêté de compter à 120 tentes.
Alors certes, je rajoute la mienne, mais après la tombée de la nuit et dans un endroit discret, le tout démonté avant 7h.
Depuis, le pré n’accueille que du vrai bivouac, et le parking de Bious-Artigues, en bas, est payant. La préservation a un prix.

15/08/2020 – Refuge d’Ayous – Cabane d’Anglus
Jour 35: “Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.” – Sylvain Tesson
Point culminant : Pic des Moines (2349m)
Distance : 16,6m
Temps : ~6h
Au réveil, une bonne dizaine de photographes sont entassés sur la terrasse du refuge. C’est pas le plus beau lever que j’aie vu la bas, mais il est quand même hyper valable.
J’aimerais vraiment savoir combien de fois j’ai dormi dans cette zone.
Je passe au refuge prendre le petit déj sans traîner et remercier Laetitia et son équipe pour leur accueil.
La route va être longue et j’ai rendez-vous avec Laure au début de la vallée d’Aspe.
Je prends le chemin du tour des lacs et vise droit vers le pic des Moines. Une famille de vautours niche sur le pic d’à côté et je peux les voir décoller et atterrir. J’entends le gros « Schhlaaak » des ailes qui plaquent après leur saut dans le vide.
La vue du pic des Moines est sublime. Mais s’ils comptaient mettre un monastère là en haut, bon courage. Parce que ça grimpe sévère et que y’a pas la place.
Je me rends compte de la taille du plateau, au centre duquel trône Jean-Pierre. Face à lui, Anayet, côté espagnol, comme deux donjons qui se font face.
Plein Ouest côté Aspe, une descente raidement raide me force à plutôt suivre la crête Sud en direction du Somport et Candanchu.
La crête est parfois douce, parfois aérienne, parfois exposée.
La descente finale est une épreuve de chaque seconde. Dès que je pense emprunter un morceau de sentier, il s’évanouit dans les 10m, je surplombe des cheminées indescendables et doit faire détour sur détour.
1h de calvaire plus tard, je ne ferai pas de détour ni de détail pour commander bien trop de choses à manger au col du Somport.
La carte d’une auberge à tapas espagnol est redoutablement dangereuse pour un estomac affamé … Rassasié, je pourrais rouler en descente.
Un sentier file tout droit entre les lacets du Somport. En face, une grande forêt d’où émerge le pic d’Aspe, le tout en un espèce de cirque superbe.
J’attaque la montée finale vers la cabane d’Anglus. C’est notre point de rendez-vous.
Laure arrive à peine un peu trop tard à mon goût, car je viens de finir ma lessive (oh ça vaaaa ).
Je constate, à sa réaction, que j’ai quand même changé d’apparence.
La cabane est une pure merveille, très mignonne et très calme.
De beaux lustres, un lave-vaisselle en guise de placard, un mobilier très mignon et une chambre en mezzanine.
Dans le pré d’à côté, quelques biches profitent de l’air frais de la fin d’après-midi pour aérer leurs fesses toutes blanches.
Une famille vient visiter mais ne restera pas dormir.
Un véritable havre de paix pour nous.

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