09/07/2020   –   Banyuls plage  =>  Coll del Faig  par le GR10

Jour 1 :  « Par la soif, on apprend l’eau. » – Emily Dickinson
Point culminant : Pic des Quatre Termes (1156m)
Distance : 18.4km
Temps : ~ 6h

 

Tenté de délaisser rapidement le téléphone et le GPS, je m’enfonce dans Banyuls en direction des premières collines et finit par commencer gentiment à dévier de la trace … Direction la sortie de la ville … mais par le mauvais lotissement.

Je m’en rends compte en bas d’une colline, terrassée pour la vigne, plutôt abrupte. Alors que je suis tout en bas, la trace et donc le chemin, eux, ont décidé de m’attendre 300m plus haut. Première session mollets, première grosse suée.

Je retrouve les traces blanches/rouges du GR10 et jaune de la HRP, je commence à prendre de la hauteur, les rues ont laissé place à un sentier. Ca sera désormais un peu plus difficile de se tromper de chemin.

La côte franco-espagnole et les baies se dessinent derrière moi. Devant, la Tour de Madeloc grandit peu à peu. Elle fait partie d’un réseau de tours perchées permettant la propagation d’une alerte rapide, grâce aux feux, technique utilisée au moyen âge.

Le Soleil est au zénith, mes réserves d’eau se vident vite, il va falloir compter sur les sources naturelles du coin (merci iPhigénie et les topos pour la localisation des sources naturelles).

Guidé par les papillons, qui eux aussi doivent avoir soif, ainsi que par les points rouges taggués sur les pierres, je trouve la première. C’est un coffrage en bois avec un touuuuuuut petit filet d’eau fraîche qui en coule, et pour remplir 2.5L, c’est touuuuuuut  à fait bien long. Mais visiblement pas assez long pour me permettre de découvrir le robinet caché sur une des facettes du coffrage, que je ne verrai qu’en partant …

Pause déjeuner au refuge Tomy au Pic Sailfort (982m), un bijou. Panorama sublime.

Au sud, la péninsule de Cadaquès et au Nord, le parc national de la Narbonnaise et les deux miroirs que sont devenus l’étang de Canet et de Leucate, Banyuls déjà petite, encaissée comme une crique au loin. Les vaches viennent de tondre et font la sieste, éparpillées entre les grosses lames de roche et leurs bouses.

Derrière la verrière, le refuge qui épouse la roche est une pépite ( sauf peut-être pour un basketteur ). Bravo à Maurice pour cet ouvrage et son entretien quasi quotidien. Et bravo aussi pour la sculpture végétale, qui représente un joyeux gardien.

Suite sur les crêtes puis dans la forêt de Massane. Cette forêt est souvent présentée comme un exemple de ce que pourrait être une forêt primaire de la montagne pyrénéenne. Au pied des grands hêtres, des énormes houx dévient le sentier. L’ombre est appréciable et appréciée. En plus d’être sublime et en libre évolution, cette forêt détient le record mondial en effort d’inventaire en nombre d’espèces par hectare.

Deuxième pénurie d’eau, la carte mentionne une deuxième source. Pour la trouver, il fallait ce coup-ci suivre le bruit des vaches. Au milieu des arbres, trône une grosse baignoire. Trois énormes museaux visqueux et dégoulinant d’un mélange eau/bave en sortent avec le bon air bovin qui va bien. Leurs oreilles traduisent limite mieux leur surprise que leur regard …

Le filet d’eau de remplissage n’est pas assez fourni et le seul moyen de remplir la gourde, c’est la benner dans la baignoire en essayant de trouver à quelle profondeur elle sera « meilleure ». Un peu en amont, un petit filet d’eau jaillit du sol, et contre 20mn d’attente, quelques gorgées d’eau plus propre.

18h, sac à dos posé sur la crête franco-espagnole, au milieu des barbelés, des bouses plus ou moins fraîches et des piquets de l’ancienne délimitation. La frontière est matérialisée par 602 bornes, numérotées d’ouest en est à partir de 1856, mais les bornes sont plus au sud, partant de Cerbère. Ici d’anciens vestiges d’un ancien temps.

Premier bivouac, première popote, le vent a changé de direction et la Tramontane rafraîchit rapidement l’atmosphère. Les lumières s’allument sur l’immense plaine catalane et sur la côte espagnole. Trop beau. Même si cette partie reste proche des villes et de la civilisation, le fait de camper dans la nature et de prendre un peu de distance et de hauteur apaise l’esprit.

Manque un peu d’eau, faudra être plus prévoyant dans les jours qui viennent.

La nuit est très venteuse, faudra mieux tendre la toile de tente dans les nuits qui viennent, parce que ça fait vachement flaflaflaflafla et c’est très chiant.

 


 

10/07/2020  –   Coll del Faig => Fort du Perthus par le GR10

Jour 2 :  « La sollicitude qu’un peuple témoigne à ses forêts marque le degré de sa culture intellectuelle et de son éducation morale » – Charles Flahaut
Point culminant : Pic Neulos (1256m)
Distance : 22.9 km
Temps : ~7h

Premier réveil, dernières gouttes d’eau pour premier café. La côte s’illumine avec les premiers rayons du soleil et les lumières des villes s’éteignent petit à petit. Tout autour résonne le son de cloches de vaches, qui sont d’humeur joueuse.

Premier repaquetage, de ce côté là, la place étant assez réduite, peu de place pour l’improvisation. Chaque élément a sa place selon son poids et son utilité.

Première analyse des douleurs physiques. Les jambes tirent un peu, mais c’est surtout les épaules qui ont ramassé. L’étape de remise du sac pique un peu, mais après quelques petits réglages des sangles, le poids bascule sur les hanches et tout va bien mieux. Tant qu’à faire des réglages parfaits, comme pour l’appareil photo, autant les faire au plus tôt.

Direction la source abondante de la Tanyarède avec une bonne grosse pâteuse, pour quelques bonnes grosses rasades et une bonne grosse douche fraiche.

Sommet du jour : le pic Neulos ( 1257m), leur Rhune à eux, avec cette même antenne rouge et blanche ultra sexy. C’est marrant de suivre des yeux la crête avec ce sommet au loin, pour aller en faire le tour, comme un premier piquet de slalom géant.

Descente vers le Perthus (pour premier petit ravito) dans les forêts odorantes de pins, des grands hêtres et quelques chênes-lièges pour bouchonner le Banyuls.

Le bruit des camions et l’immense autoroute en contrebas se rapprochent.

Le temps commence à virer à l’orage, le ciel s’assombrit au loin sur la suite du parcours à l’ouest, et ça compromet peut-être l’objectif du jour.

Petit arrêt jus d’orange dans un refuge pour un point météo, pour l’instant il fait gris. Le taulier regarde dehors et nous affirme d’un air de météorologue très avisé, très sérieux et très convaincu : ‘Il fait gris ! Mais pour l’instant il grêle pas… »

Apparemment, ça peut passer du beau temps cash à la grêle dans le coin, sans passer par la case pluie, et la démonstration sera faite quelques jours plus tard.

Fin de la descente, je ne sais pas si on peut appeler ça une visite, mais l’étape Le Perthus est aussi inintéressante que rapide. Une rue, un coté France, un coté Espagne, plein de magasins, une duty free à ciel ouvert …  ravitaillement rapide pour juste deux jours, jusqu’à Amélie Les Bains, sachant que je croise des gîtes le lendemain …

A noter : l’hospitalité des policiers municipaux et le menu du jour du resto d’à coté en compagnie de Julie, jeune GR10iste en devenir, ont fait plaisir.

L’étape va officiellement être raccourcie, au vu de la météo et ça laisse le temps pour une visite du Fort Bellegarde, qui domine le Perthus, construit par Vauban au XVII° siècle. On retrouve bien l’architecture en étoile, et la structure vaste, typique de Vauban comme par exemple pour le fort de Briançon.

Ce fort, immense, servait de bastion de défense contre les invasions espagnoles fin du XVIIe siècle ( où il a été pris par les Espagnols puis récupéré). Il a plus tard servi dans les mêmes circonstances pendant la seconde guerre mondiale.
Dommage de ne pas pouvoir y rentrer, Covid oblige mais ambiance parfaite pour la photo tout de même, avec cet immense défilé de nuages et ses (au moins) 50 nuances de gris. De dedans, quelques moutons nous toisent et s’occupent de l’entretien des jardins intérieurs.
On peut accéder aux écuries et à tout l’étage périphérique.

Depuis le mur d’enceinte, le soleil perce les nuages avec des gros faisceaux orange et nous offre un beau coucher de soleil.
Ce mur permet de s’abriter du vent, et c’est parti pour une bonne nuit dans un 3000m2. ( bon en dehors mais quand même ).

 


 

11/07/2020   –   Fort du Perthus => Refugi de Les Salines par le GR10

Jour 3 :  « La faim chasse le loup du bois » –  Roman de Renart
Point culminant : Ermitage de Las Salinas (1080m)
Distance : 21.7km
Temps : ~6h30

Lever de soleil au bord des murailles et café devant le fort.

Le début de la journée suit des ruines romaines en contrebas, vestiges des grandes routes romaines, comme la Via Domitia et la Via Augusta.

Grisaille et nuages au menu, ça défile à grande vitesse sur les collines environnantes. Heureusement, le vent est dans le dos et la majeure partie de l’étape se fera en forêt, à l’abri.

Longue marche sur une route carrossable puis bitumée jusqu’à Las Illas, pas hyyyyper intéressante, avec à vrai dire aucune vue remarquable. J’ai l’impression que c’est un peu le quotidien sur le GR10, qui suit souvent des pistes ou des chemins forestiers qui connectent les villages ou les vallées. Le compteur des kilomètres et l’appétit grandissent.

Arrivée enfin au village de Las Illas, ou la première rencontre est une statue d’une vierge dans une position plutôt surprenante… N’y voir aucun blasphème, mais elle représente plus une ode à la constipation plutôt qu’une position classique. Peut-être qu’une explication du créateur me donnerait la vraie raison … Peut-être l’eau d’ici a-t’elle des vertus magiques …

Bref, toujours est-il qu’il fait soif, et que le gîte du midi est bien fermé… Dommage, le menu affiché avait l’air sympa … Et la température était vraiment idéale pour une grosse bassine de bière.

Pause infructueuse donc à Las Illas, on profite quand même des douches publiques pour un premier décrassage et une première lessive.

On décide de repartir et de ne pas reprendre le chemin de halage bien moche mais viser le passage de frontière en passant au-dessus d’une belle colline.

Retour dans la forêt donc, la faim presse le pas vers Las Salinas côté espagnol où un monastère, mi monastère, mi restaurant, mi refuge décore une clairière au milieu d’une grande colline arborée. On rejoint la crête frontière par le Chemin des Exilés (exilés Espagnols qui fuyaient le Franquisme dans un sens et des exilés Français fuyant le régime de Vichy dans l’autre sens).

Certaines montées sont peu sexy et abruptes et je me revois me dire « Tiens, celle-là, j’aimerais pas me la recogner ».

Arrivés sur la crête, peu de panorama, la forêt est dense et la des clôtures barbelées matérialisent la frontière. Pas forcément besoin de passeport mais plutôt de tissus solides.

Après une pause déjeuner pour digérer la montée, je remarque que mes lunettes, que je pensais sagement posées sur ma casquette sagement posée sur ma tête, ont décidé de prendre une pause un peu plus tôt dans la montée. Et ce sans me prévenir. Je me résigne à redescendre le chemin, je ne sais pas encore jusqu’où, les yeux grand ouverts. Elles m’attendent, bien en bas du passage le plus atroce … Double dose.

Le panneau Restaurant => augmente encore la cadence, je pourrais avaler un troupeau entier.

De nouveau de la piste, après un passage de frontière peu orthodoxe, genre contrebandier, une fin dans une belle forêt de pins … Et finalement, le grand monastère de Las Salinas, tout aussi imposant que désert. La ZONE.
Une pauvre voiture échouée devant, on prie pour que ce soit celle du meilleur cuisinier de la région, nous attendant avec des sandwichs aux lasagnes et des clafoutis au gâteau basque.

Et beh non, c’est celle d’un touriste qui est venu prier la vierge, et qui maintenant cherche des toilettes. Il finira par aller reprier derrière un bosquet.

Un peu plus loin, une grotte et un autel, des édifices en pierre qui servent de sources mais pas de restaurant …

Alors petite séance d’étirement, lecture et installation dans le Refugi de Las Salinas pour une grosse nuit parfumée au feu de bois. Qui dort dîne.

A prévoir, des provisions en rab.

 


 

12/07/2020   –   Refugi de Las Salinas => Amélie les Bains par GR10 & HRP.

Jour 4 :  « Je suis un coeur coquelicot, délicat, gourmand de poésie, gorgé d’un jus de tendresse. Je m’épanouis parmi les framboises qui se mirent aux perles de rosée, les cerises écoutant les rêves aux oreilles des enfants, les fraises sauvages blotties dans les bois dormant » –  Valérie Mazeau
Point culminant : Roc de France (1546m)
Distance : 19.9 km
Temps : ~6h30

Journée un petit peu plus longue que les autres, une vingtaine de kilomètres.

Bonne nuit en refuge confortable et spacieux, douche fraiche à la source juste à côté, un bigup à la vierge et direction le Puits de la Neige(1288m) et les Rocs de France(1450m), les deux prochains sommets.

Le Puits de Neige est un bac à glaçons géants. J’imagine pas la taille du verre. Un trou en haut pour y jeter la neige et la stocker, et un trou en bas pour la prélever, tassée et prête à être acheminée dans la vallée et notamment l’hôpital de Perpignan. L’origine des puits à neige ou à glace remonte peut-être à l’époque des colonies romaines. À cette époque, ce sont de simples trous aménagés de façon rustique et recouverts de branchages, de terre et de feuilles. À partir du XVIIe siècle apparaissent les premiers puits bâtis, semi enterrés et habillés de pierres appareillées et enduites.

La neige “récoltée” pendant l’hiver, une fois tassée, se transforme en glace et devient disponible durant l’été essentiellement pour la conservation des aliments.
A ce jour, il a été comptabilisé plus d’une centaine de puits à neige dans le département des Pyrénées Orientales.

La montée se fait dans une hêtraie magnifique, qui se réveille dans le calme et les chants des oiseaux, qui ont beaucoup de choses à se raconter ce matin.

De nouveau en compagnie de Julie, on rejoint une sublime crête des Rocs de France entre la France et l’Espagne qui montre bien la dorsale à parcourir. Ça nous offre un sacré panorama. (J’aime les panoramas).

Comme j’ai l’impression sur tous les pics du coin, une croix est érigée en haut.

La mer et le pic Neulos sont déjà loin et le Canigou se rapproche gentiment. La progression devient visuelle, et celle des nuages noirs qui foncent droit sur nous aussi.

Première étape de la descente vers Amélie les bains, et qui relègue l’orage au rang de détail : une longue cueillette de framboises sauvages qui goûtent le Paradis, enfin une partie de l’idée que je me fais du Paradis, doit forcément y avoir des framboises au Paradis.

Fin d’étape sous l’orage pile au-dessus de nous, quelques gouttes rafraîchissantes ( de la taille d’une pièce de deux euros, Monsieur Carglass m’en soit témoin ) et un crapaud qui sort pour en profiter, des gros flashs et un bruit délicieux de ciel qui se déchire.

Amélie les Bains. Civilisation. Dimanche soir. Camping. Douche. Pizza – Bière au bord du Tech.

 


 

13/07/2020   –   Amelie les Bains => Refuge de Batère par HRP puis GR10.

Jour 5 :  « Imitons l’abeille, elle fait de grandes randonnées, sans perdre son objectif. » – Louis-Marie Parent
Point culminant : Refuge de Batère (1450m)
Distance : 16.8 km
Temps : ~5h45

Réveil au milieu des caravanes et des slips qui sèchent. Petit déjeuner en ville et ravito au marché pour une dizaine de jours.

Les fruits sont bons et sucrés, les fresques murales sont stylées ( et c’est vraiment les enfants de primaire qui ont fait ça ? ), les jolis ponts sont fleuris et prennent vie avec des curistes plus ou moins vigoureux.

Les prochaines étapes vont passer par plusieurs refuges, ce qui permet d’être un peu plus léger.

Traversée du Tech et montée sur le flanc d’en face jusqu’à la crête. Par moment, la forêt s’éclaircit et la vue sur Amélie-Les-Bains se dégage,
sur son fort sur le vallon d’en face, ainsi que sur les deux sommets de la veille. Le Fort-les-Bains, en plus de protéger la vallée du Tech depuis fin XVIIe siècle, servira un temps de prison d’État notamment pour les responsables de l’affaire des poisons (1682-1683) sous Louis XIV. Si vous aimez les intrigues, jetez un oeil à cette affaire …

Le chemin passe par d’anciennes mines de fer, où demeurent encore quelques structures métalliques et quelques édifices en pierre.
Sur l’étage du dessus, une grande ligne multicolore de ruches, comme un alignement de boîtes aux lettres suédoises.
Je me demande si l’abeille sait qu’elle vit dans la 3e en partant de la droite, ou si c’est dans la bleue, et que si des fois elle se trompe.
Du coup, est-ce qu’une simple excuse suffit ou est-ce que c’est l’intrusion fatale ? Ça fait des portraits robots les abeilles ?
Vu leur danse de la localisation du pollen (merci les cours de SVT de 4e ), elles doivent avoir un truc bien plus malicieux pour retrouver leur lit.
Ça met des bonnets de nuit les abeilles ? Du coup, ils ont de la place pour les antennes ? Ça ronfle ???

Bon bref, fin de la pause pique nique à se poser plein de questions, retour à la marche.

La couleur de la roche rougit et s’assombrit, pas mal de parties noirâtres oxydées, des bons indices pour les mineurs de l’époque.
Les collines laissent peu à peu place à la moyenne montagne et ses odeurs fraîches. On s’approche peu à peu des 2000m, le duvet va-t’il montrer ses limites ?

Dernière pause photo à la tour de Batère ( qui fait aussi partie du réseau de tours d’alerte) avant encore une fois de peut-être prendre l’orage.

Porter un message d’alerte à pied depuis la côte et la tour de la Madeloc m’aurait pris quelques jours, bon j’y serais sûrement pas allé avec 15kgs sur le râble. Mais avec leur système de feux, cela n’aurait pris que quelques minutes. Ingénieux les mecs, ou paresseux.

Le refuge de Batère et son staff, Robin, Morgan et Isma sont hyper accueillants, et la collection de livres sur les Pyrénées est impressionnante.
Treks, escalades, aventures, botaniques, champignons … y’a de tout.

Sous les bons conseils du staff, j’apprends que la descente du Canigou par la cheminée est inconfortable avec un gros et lourd sac de rando.
C’est plus agréable et sécure de passer d’abord par la crête du Barbet, puis monter et descendre le Canigou par la cheminée en léger. Je note.

Coucher de soleil sur le trône de fer du refuge, un banc métallique qui fait face à la vallée.
Faisant partie du banc, une silhouette du point du vue sculpté, pour pouvoir superposer le paysage et se repérer, un peu comme le pont du boulevard des Pyrénées à Pau.

Je gare ma tente juste à côté d’un ancien camion de chantier. En face, la plaine d’Arles sur Tech, d’où provient une grosse musique de festoche.
On sera plusieurs à être un peu fatigués demain. D’ailleurs, plus du tout mal aux jambes, ni aux épaules, le corps a bien compris ce qu’il avait à faire, et il encaisse tout cela gentiment.

Pâtes bolognaises divines et nuit sublime sous les étoiles.

 


 

14/07/2020   –   Refuge de Batère => Refuge des Cortalets par GR10

Jour 6 :  « Les montagnes appellent, et je dois y aller » – John Muir
Point culminant : Refuge des Cortalets (2154m)
Distance : 17,6 km
Temps : ~6h

Étape autour du massif du Canigou et du pic Joffre, GR10.

Réveil en douceur devant un couple d’hirondelles qui, eux aussi, mettent du temps pour s’activer. Leur nid a l’air autrement plus confortable qu’un simple tapis de sol accordéon ( PIRE IDÉE DU PROJET ). J’aimerais bien tester un nid taille humain adulte.

Après une montée courte vers un plateau qui domine Batère, un long sentier plat apparaît ça et là, jusqu’au bout de la vallée d’en face.

Principalement dans la forêt, ce long sentier en balcon change de vallée et monte vers le refuge des Cortalets, camp de base pour les amateurs de Canigou. L’air se rafraîchit, la végétation change, plus épineuse. Le chemin est évident.

De temps en temps quelques traces de GR10, quelques panneaux.

Soudain, deux vaches apparaissent, vautrées au milieu du chemin, comme deux vieilles commères se racontant les nouvelles les plus fraîches de la vallée. Ou alors elles voulaient juste se croiser et vu la taille des croupes, elles se sont rendues compte que ça passait pas et se sont posées pour réfléchir à une stratégie. L’étincelle dans leur regard me fait douter quand à l’idée même d’élaborer une stratégie, ou même d’avoir une idée, ou même d’avoir déjà eu une idée …

Je m’assois avec elles le temps de grignoter un peu. J’aimerais vraiment avoir un traducteur pour savoir ce qu’elles se disent.

Encore quelques blocs de neige en fond de vallons et des énormes coulées d’arbres emportés par la fonte de la neige et un glissement de terrain.

L’avantage de commencer à être un peu haut en altitude, et de trouver des vallons peu pâturés, c’est de pouvoir profiter des torrents pour se rafraîchir et s’hydrater.

L’accueil au refuge est assez bizarre et contraste avec celui de la veille, les campeurs extérieurs n’ont pas le droit ni de se doucher, ni de venir se réfugier en cas d’orage, même dans la partie réfectoire, à cause de la menace sanitaire et du « trop de monde au même endroit ». Les règles sont assez incompréhensibles mais strictes et exposées sèchement. En même temps, la haute saison en refuge, dans ce contexte exceptionnel, doit être tellement délicate à gérer que ça se comprend un peu.

Mais heureusement, la météo ne va pas nous confronter à cette situation.

Coucher de soleil surréaliste, qui, en ce 14 juillet, il vaut tous les feux d’artifice du monde… La mer de nuages dans la vallée propose un spectacle inédit. Un énorme désordre vertical dans les nuages, faisant penser à une machine à vapeur infernale. Le tout est éclairé par un soleil doré qui illumine encore un peu le Canigou.

Balade digestive entre les rhododendrons et les pins pour aller voir le l’étang miroir au pied du Canigou.

Camping près des sapins, un petit feu pour réchauffer le premier bivouac au-dessus des 2000m.

Juste avant de sombrer, j’admire le sommet du Canigou qui vient piquer la Voie lactée.

 


 

La suite ici : https://damienferbos.fr/hrp-les-deux-tours-canigou-carlit/

 

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